Revenir à la table des négociations. Une formule fréquemment utilisée par ceux qui se reconnaîtront. La négociation est un mode de communication civilisé et efficace pour la résolution des conflits. Chaque partie consent à faire des petits pas pour avancer vers l’autre. Cette démarche est fondée sur des concessions réciproques qui aboutissent à ce qu’on appelle un compromis. A prendre dans le sens positif du terme. En négociations sociales, il n’existe pas d’autre mode de gestion possible. Sinon, place à la confrontation.
Chez nous, en Tunisie, s’asseoir à la table des négociations se conjugue presque toujours au mode impératif. Ce qui signifie à peu près: exécutez toutes nos revendications, sinon on paralyse le pays. C’est pourquoi au cours de la dernière décennie, la seule issue pour l’exécutif était de céder. Faute de quoi les sentences tombaient comme un couperet, grèves tournantes assorties parfois d’une grève générale.
Rappelons que pour un oui ou pour un non, les écoles étaient fermées, les hôpitaux paralysés, les usines bloquées, les transports à l’arrêt. Même les avions étaient cloués au sol. L’on se souvient également que les différents gouvernements qui se sont succédé étaient pour de multiples raisons affaiblis, malgré une assise électorale confortable. Autour de la table des négociations, c’est l’exécutif qui était le maillon faible. En face, des syndicats gonflés à bloc. A l’unité de la nation, ils opposaient un corporatisme outrancier. Entre eux, les chefs syndicaux rivalisaient d’intransigeance, et gare à celui qui accepte de faire quelques concessions. Il est vilipendé par ses camarades se voulant être plus coriaces, et accusé de compromission, voire de traîtrise. C’était dans l’air du temps.
Autres temps, autres mœurs. Les grands pontes syndicaux au lourd passif ont été remplacés par d’autres, plus jeunes, qui passent mieux et pouvant se prévaloir d’une certaine virginité syndicale. Les méthodes sont restées, en revanche, les mêmes.
A quelques jours de la rentrée scolaire, ce grand rendez-vous national est d’ores et déjà compromis, dans le sens négatif du terme cette fois-ci. Parmi les points de discorde, la titularisation des suppléants. Or, les enseignants qui ne pourront être titularisés, quand leurs dossiers ne répondent pas aux critères requis, ne devraient pas l’être. Qu’on se le dise. Un éducateur qui souffre de lacunes de connaissance transmettra cette malédiction à plusieurs générations d’élèves. Comme on le sait et comme on l’a vu. Une régularisation en vrac n’est tout simplement pas admissible. Elle est même dangereuse, parce qu’elle porte atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. Celui qui ne dispose pas des compétences nécessaires pour enseigner devra être orienté vers une autre filière. Une règle de base et de bon sens à appliquer à tous les secteurs d’activité.
Que réclament-ils maintenant au nom de la continuité de l’Etat ? Mettre en place les décisions signées par les représentants de l’Etat. Une décennie durant, voire plus, les membres de l’exécutif subissaient, comme aujourd’hui, différents types de menaces. On leur promettait des jours de colère, des sit-in, la rétention des notes, des grèves… Donc oui ils ont signé, mais avec le couteau sous la gorge. Cela ne s’appelle pas négocier.